Le plaisir comme moteur de la mémoire
Les neurosciences ont montré que notre cerveau apprend mieux lorsqu’il ressent des émotions positives : curiosité, intérêt, fierté, sentiment d’efficacité… Ces états déclenchent la libération de dopamine, une molécule qui renforce les connexions neuronales responsables de la mémoire et de la motivation.
Autrement dit, quand on se sent bien, notre cerveau encode mieux l’information. Comme le résume Mary Helen Immordino-Yang et Antonio Damasio (2007) : « We feel, therefore we learn » « Nous ressentons, donc nous apprenons. ».
Mais pour que cet effet s’enracine, le plaisir doit se vivre pendant l’apprentissage, dans les activités elles-mêmes, pas seulement dans la convivialité du moment.
Intégrer le plaisir dans le déroulement de la formation
Un scénario d’apprentissage efficace n’est pas qu’une suite d’explications et d’exemples. Il s’agit de mettre les participants en action dans un cadre à la fois engageant et stimulant.
Par exemple :
- Proposer un défi collaboratif où les équipes doivent trouver une solution commune à une question-piège. Rapidement, les divergences apparaissent : on débat, on argumente, on essaie de convaincre. C’est la phase de déstabilisation.
- Vient ensuite une phase de convergence, où chacun fait l’effort de comprendre les autres pour construire une réponse partagée.
- Puis la connaissance, d’abord fragile, se met en place : le cerveau cherche à organiser ce qu’il vient de découvrir.
- Enfin, lors de la phase d’apaisement cognitif, le formateur introduit les concepts et les explications clés qui ancrent les connaissances.
Ce cycle (effort, exploration, déséquilibre, apaisement) correspond à la façon naturelle dont le cerveau apprend. Et lorsque tout cela se déroule dans un climat agréable, collaboratif et empreint de plaisir, la dopamine agit comme un ciment : elle contribue à ancrer les apprentissages dans la mémoire à long terme.
Le plaisir, ici, ne signifie pas forcément de « rire à gorge déployée », mais plutôt de ressentir de la satisfaction, de la curiosité, un sentiment de compétence et d’appartenance.
Plaisir, humour et ludification : trois leviers complémentaires
L’humour, bien dosé et en lien avec le contenu, capte l’attention et facilite les échanges. La ludification (ou gamification), quant à elle, utilise les mécanismes du jeu (points, défis, classements) pour soutenir la motivation. Mais ces leviers n’ont de sens que s’ils servent le scénario d’apprentissage.
Le véritable plaisir d’apprendre ne vient pas d’une couche décorative, mais de la sensation d’être activement impliqué dans la construction du savoir.
Deux idées à tester dès demain
- Transformez vos questions d’ouverture en mini-défis collaboratifs plutôt qu’en simples tours de table. Faites réfléchir, confrontez les points de vue, puis laissez le groupe chercher la meilleure réponse.
- Avant d’expliquer un concept, faites-leur vivre une situation qui illustre le problème à résoudre. L’effort de compréhension, combiné à un climat positif, ancre les apprentissages beaucoup plus solidement.
En conclusion
Le plaisir, l’action et l’effort ne s’opposent pas : ils se renforcent mutuellement. Quand les participants sont actifs, curieux et engagés dans un environnement agréable, leur cerveau sécrète la dopamine qui contribue à solidifier les apprentissages.
En d’autres mots, ce n’est pas le plaisir autour de la formation qui rend l’apprentissage durable, mais le plaisir dans la formation, celui d’apprendre, de comprendre et de construire ensemble.
Pour aller plus loin :
➡️ Formation de formateurs : susciter l’intérêt et maximiser les apprentissages